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Portraits de Gilles Baudoux et de Lola Thebault-Royet, étudiants à l'ENSAD

Publié dans Portraits le 03/03/2015 par myCTC.fr
L’École nationale supérieure des Arts Décoratifs a pour mission la formation de haut niveau, artistique, scientifique et technique d’artistes et de designers dans différents domaines de spécialisation. L'ENSAD a sollicité CTC pour dispenser un module Chaussure auprès des étudiants de 5e année de la spécialisation Design Vêtement, avec le soutien de la Fondation Bettencourt Schueller dans le cadre de la Chaire Innovation & Savoir-faire. Un binôme d'étudiants a été sélectionné par CTC, qui réalise ses prototypes de chaussures.

Quels sont votre parcours et votre projet professionnel ?

Nous avons deux parcours différents et qui s'avèrent complémentaires. Lola vient de la filière des arts appliqués ; après un bac à l'ESAAB de Nevers, elle a obtenu un BTS design de mode à La Martinière Diderot de Lyon, avant d'intégrer l'ENSAD en deuxième année en design vêtement. Gilles, quant à lui, après un bac littéraire, un Master de lettres à la Sorbonne et un détour professionnel en tant que fleuriste, intègre l'ENSAD en première année.

Portraits de Gilles Baudoux et de Lola Thebault-Royet, étudiants à l'ENSAD

 

Notre binôme se forme en cours de quatrième année, sur la base d'un univers créatif commun, mais aussi par envie de travail d'équipe, de travail collectif, avec une ambition et des valeurs communes. Nous avions tous les deux la volonté de faire du menswear, avec un intérêt pour la culture de la fabrication et de l'industrie, et des désirs de made in France. Soucieux de notre époque et de notre planète, nous avons la conviction profonde que l'objet mode, quel qu'il soit, peut être positif tant pour un territoire, que pour les êtres humains, qu'ils soient acheteurs ou fabricants.

Avant de travailler ensemble, nous n'étions pas déterminés sur notre avenir professionnel, mais notre binôme et la qualité de nos échanges nous font espérer pouvoir un jour monter notre propre structure, notre propre collectif de création. Si tout se passe bien, nous serons diplômés en juin, alors après sans doute encore quelques expériences professionnelles nécessaires, nous essayerons de construire ce projet. Nous travaillons aujourd'hui à notre diplôme, dont les deux paires de chaussure fabriquées par CTC font partie. Nous réfléchissons à un vestiaire masculin, en jouant avec les codes du genre. Nos patronages, au-delà du style, sont pensés selon des calculs d'efficience, de coupe et de production, dans une optique de "zéro chute".

 

Quels bénéfices retirez-vous des cours suivis à CTC ?

La formation suivie avec CTC aura été pour nous connexe de notre formation initiale. La découverte de l'univers de la chaussure était totale. Si en termes de style nous avions des idées, tant d'un point de vue typologique, que technique tout était à découvrir. Cette formation ne visait pas à faire de nous des professionnels de la chaussure, nous sommes toutefois certains de l'intérêt qu'elle représente dans notre futur parcours professionnel, pour être à même de pouvoir penser des projets cohérents, et de les communiquer avec le vocable adéquat. Notre visite dans les locaux de Lyon et la rencontre avec Denis Cartier et Christophe Cumin ont conforté notre goût pour la fabrication et l'industrialisation, où la chaussure s'est révélée être un objet d'artisanat autant qu'un terrain propice à l'innovation. Ainsi, depuis l'écran d'ordinateur jusqu'à la main, nous avons assisté à la création de nos formes, nous faisant réaliser l'étendue des possibilités créatives de la chaussure.

 

Les prototypes de vos modèles de chaussures vont être réalisés par l'équipe Chaussure de CTC, quelles ont été vos inspirations ?

Nos deux modèles de chaussures qui vont être réalisés par CTC sont directement inscrits dans notre univers créatif. Nos sources d'inspiration sont multiples et narratives. Tous deux amateurs d'uchronie [N.D.L.R. : récit basé sur la réécriture de l'Histoire et qui permet d'imaginer le monde si un événement passé avait eu une autre issue], nous construisons un univers urbain proche de la science-fiction, avec de fortes références médiévalistes. Nous avons besoin de nous raconter des histoires pour créer, même si elles ne sont pas directement lisibles dans les objets finis.

Le modèle Sacer est pour nous l'incarnation d'un personnage pèlerin, gardien d'une certaine spiritualité, Sa forme est inspirée de la randonnée, tout en étant relativement entravante, cambrée, avec à la fois la contradiction de se grandir tout en étant maintenu au sol par des semelles de béton.

"Sirène. Il n’avait pas encore atteint le centre de lui-même, lorsque sa méditation fut rompue par le son venu de la cité, que l’horizon des pins n’avait pas encore découverte. Pluie. Sous sa cape de bure, la terreuse humidité du matin faisait ruisseler son visage. Pierre. Le béton du mur à son dos était dur, il fallu brosser les restes de salpêtre prisonniers des cheveux. Ankylosé de la nuit, il camphra son poignet avant que d’ajuster sa bride. Il mis dessous sa langue une feuille de bétel qui lui noircit les lèvres. Le monde était devenu silence hors les murs. Il mit dans sa capuche une branche de citronnelle pour repousser les brûlots, que l’absence de vent faisait pulluler dans les ruines. La route était encore longue avant que ne devienne audible la plainte des âmes qui attendaient la parole et les soins. Sirène."

Projet Sacer de Gilles Baudoux et Lola Thebault-Royet, ENSAD 2014

 

 

Le modèle Oper est plus proche de la "tennis", en tant que chaussure de toile. Son inspiration est celle d'un produit solide et d'usage quotidien. Proche de modèles produits en série dans le domaine militaire avec une valeur d'uniforme. L'Opérarius est pour nous un personnage symbole du travail et de la journée des trois-huit, il est l'individu surnuméraire, le travailleur des temps modernes et de "1984" d'Orwel.

"Sirène. L’Opérarius se réveilla sans sursaut, sans esprit, les yeux collés de nuit. Il redressa son ossature, et roula sa paillasse dont la toile lustrée avait au centre une auréole brunâtre de corps. Air âcre. En ligne avec les dix autres, il plongea les mains meurtries aux bandages de lin dans l’eau froide et claire de la cuve d’acier. Fer. Sans plus d’instinct, assis sur son tripode à sangle de cuir rappé, il plongea sa cuillère dans la cantine qui lui faisait face. La translucidité laiteuse de la bouillie d’avoine lui inspira un simple confort. Il bu son eau de mélisse à grandes lampées, d’un geste brusque, et déchira au coude la toile grossière de sa chemise rouge sur un clou rouillé. Il essuya de son index le sang de l’écorchure, en tapota ses lèvres et sa joue, il lui faudrait bonne figure, aujourd’hui c’était inspection. Sirène."

Projet Oper de Gilles Baudoux et Lola Thebault-Royet, ENSAD 2014

 

 

Nous remercions CTC, et tous ses intervenants qui nous accompagnent dans ce projet, ainsi que notre équipe pédagogique qui a permis la mise en place de ce programme.

 

Projet réalisé dans le cadre du module Chaussure de la spécialisation Design Vêtement de l'ENSAD, avec le soutien de la Fondation Bettencourt Schueller dans le cadre de la Chaire Innovation & Savoir-faire.


En 2012, l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD) et la Fondation Bettencourt Schueller ont créé la chaire "Innovation et savoir-faire", dont l’ambition est de faire connaître le travail de ceux qui perpétuent les métiers manuels d’excellence, de transmettre leur savoir-faire et d’explorer avec eux de nouveaux champs de création.
 

 

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